Vingt-neuvièmes Journées d'études mosellanes (3/6) : L'empreinte architecturale de l'Annexion
La deuxième séance des 29e Journées d'études mosellanes, présidée par Jean David, président honoraire de l'Université Paul Verlaine Metz (notre photo ci-contre), porta sur «l'empreinte architecturale de l'Annexion».
Jean David et Marie Gloc
Le patrimoine bâti de la période de la fin du XIXe et des premières années du XXe siècle constitue, à Metz, mais également dans d'autres localités du département, comme aussi à Strasbourg, par exemple, la marque aujourd'hui la plus visible, la trace permanente la plus évidemment manifeste de l'Annexion de l'Alsace et de la Lorraine au Reich.
Longtemps rejeté, méprisé, ce legs de l'Histoire est aujourd'hui valorisé, et la candidature messine au patrimoine mondial de l'UNESCO en forme un signe tangible. Tout se passe d'ailleurs, à cet égard, comme si l'on était passé d'une exécration globale à une louange parfois elle-même excessive et, en tout cas insuffisamment nuancée, comme l'a rappelé Christiane Pignon-Feller dans une communication remarquable entre toutes portant sur «la résistance à la germanisation par l'architecture et les arts décoratifs». Une étude approfondie de la Neustadt messine permet en effet de mettre en évidence non seulement une extrême diversité de styles et d'influences (y compris françaises), mais aussi, par exemple, l'abondance de demeures bâties pour des membres du Souvenir français.
De gauche à droite : Christiane Pignon-Feller, Sylvain Chimello et Marie Gloc
(Photos Philippe Hoch)
Si Metz forme, en Moselle, l'exemple le plus spectaculaire, celui de Thionville ne manque pas non plus d'intérêt, si l'on en croit Sylvain Chimello, qui s'est employé à mettre en évidence tout ce que l'urbanisme de cette cité devait aux programmations et aux constructions de l'époque allemande. L'empreinte architecturale de l'Annexion peut être lue, enfin, dans les bâtiments publics, en particulier les mairies-écoles, dont Marie Gloc a commenté d'intéressants exemples.
Eric Necker
Les monuments commémoratifs tels que la Halle du Souvenir à Gravelotte nous rappellent aussi le demi-siècle de rattachement de la Lorraine au Reich. Dans cette localité, dont le nom symbolise à lui seul le conflit franco-prussien, se dressera prochainement un musée de la Guerre de 1870 et de l'Annexion, voulu par le Département de la Moselle ; établissement en préfiguration dont le conservateur, Éric Necker, présenta les grandes lignes. Il remplacera l'ancien musée militaire de Gravelotte, créé à l'initiative de l'abbé Faller, curé du village, dès les premières années de l'Annexion.
Le nouveau musée, à la différence du précédent, ne centrera pas son propos sur l'histoire purement militaire et les objets (armes, uniformes, etc.) susceptibles de l'illustrer. Son propos, beaucoup plus vaste, visera à traiter l'Annexion dans ses principales dimensions. - Ph. H.
La guerre franco-prussienne et l'Annexion au coeur du futur musée de Gravelotte
(Collection musée départemental de la Guerre de 1870 et de l'Annexion, Gravelotte)